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Discours de clôture de du Président James Michel à l’occasion du Congrès Extraordinaire du Parti Lepep le 8 Avril 2017

Tue, 11 April 2017 | Politics

Monsieur le Secrétaire Danny Faure Président de la République

Monsieur le Vice-Président Vincent Meriton

Monsieur le Secrétaire General Adjoint Peter Sinon

Mesdames et Messieurs les membres du Comité Central

Chers Délégués

Distingués Invités

 

Le Congrès est toujours un événement marquant dans la vie de notre parti. Il nous rassemble. Il nous offre l’occasion de discuter, de débattre et d’échanger nos idées dans une ambiance détendue, cordiale et franche. Il nous y est parfois donné l’occasion d’entendre aussi ce que l’on n’aurait pas voulu entendre. En dépit de tout, le Congrès reste l’occasion de se ressourcer, de se reconnecter à la base du parti, d’adopter des recommandations et des résolutions qui participent à la réorientation du parti.

Ce Congrès n’en a fait pas exception. Après vous avoir écouté, après avoir suivi les débats auxquels j’ai aussi participé, je peux dire que chacun de nous en est sorti enrichi. Nous en sommes sortis avec un nouveau dynamisme et animés et complètement revigorées.  Nous en sommes sortis plus optimistes, armés de la conviction que la nouvelle direction que nous avons tracée demeure le seul flambeau du peuple. Et c’est ce flambeau du Parti Lepep qui conduira tous les Seychellois à la victoire.

Regardons l’avenir sans faire table rase du passé ni de notre passé révolutionnaire, ni des principes et des convictions qui sont les nôtres.

Chaque époque produit son mode de pensée et d’action. Les époques changent, pour le meilleur ou pour le pire. Celle que nous traversons en ce moment est un peu particulière pour notre Parti. C’est un moment déterminant. Il déterminera si le Parti Lepep continuera à être ce parti qui lui correspond, s’il continuera à guider les futures générations et demeurer ce vrai parti dévoué à l’épanouissement du peuple seychellois.

Tout dépendra évidemment de nous, notamment de la manière dont nous défendrons et promouvrons nos principes et convictions. Ces mêmes principes et convictions qui ont motivé nos grands-parents et parents à lutter pour l’indépendance et la Libération du pays.

En 1964, j’étais là quand le Président France Albert René lançait le SPUP, à Gordon Square. J’avais été impressionné par son message. C’était un message de liberté, un message d’émancipation, de dignité, de fraternité et de solidarité. Un message de justice sociale. Je me suis identifié à son parti. Et uni au parti, nous avons milité ensemble pour l’indépendance. Après l’indépendance, j’étais aussi  au nombre de ceux-là qui ont lutté pour la Libération des Seychelles.

J’ai toujours puisé mon inspiration de ces principes et convictions. Ils m’ont guidé tout au long de ma vie et ont été le fondement de toutes mes décisions et actions. Et je suis resté fidèle à ce ferment qui a alimenté mon enthousiasme révolutionnaire pendant plus de quarante ans. Aussi, je refuse de faire comme ceux-là qui sont aujourd’hui en mode du reniement de leurs responsabilités dans le coup d’état et le gouvernement révolutionnaire; ceux-là qui s’en lavent les mains aujourd’hui comme Ponce Pilate. J’assume mes responsabilités, non sans fierté, quoique je reconnaisse certaines situations regrettables. Je ne viendrai pas raconter des histoires ou faire croire qu’à l’époque j’étais naïf.

Aujourd’hui, j’affirme: oui, j’étais de ceux qui ont participé au coup d’état en 1977. Personne ne m’avait forcé à le faire et à défendre la révolution. Je l’ai fait parce que j’étais convaincu que nos enfants méritaient de vivre dans une meilleure Seychelles ; convaincu qu’ils méritaient de jouir des mêmes droits à l’éducation; convaincu qu’ils méritaient de naitre tous dans une seule classe à l’hôpital, et avoir accès aux soins comme tous les autres; convaincu que le système de classe devait être aboli; convaincu de la capacité de mon pays à aller de l’avant, tours plus loin ; convaincu qu’il était nécessaire de procéder à une redistribution des terres. J’étais convaincu que la discrimination sous toutes ses formes, devait être abolie dans notre pays. Et mon âme était fatiguée des inégalités et de la misère noire qui régnaient.

Comme beaucoup de mes compatriotes de l’époque, ma conviction était si forte qu’à 33 ans j’étais prêt à aller jusqu’au sacrifice de ma vie pour la libération de mon pays.

 

Le 4 juin 1977, quelques heures avant le coup d’état, Monsieur France Albert Rene nous avait mis devant un choix. Ceux d’entre nous qui sont encore vivants s’en souviennent encore: “Que tous ceux d’entre vous qui sentent ce soir qu’ils ne sont pas à même de faire face à ce qui va se passer, s’en aillent”. Ensemble, avec tous ceux qui croyaient en la cause de la révolution, nous sommes restés. Aujourd’hui, après 40 ans, après tous les grands changements et les grandes transformations faits ensemble avec les Seychellois, je revendique mon action. Jugez-moi, trainez-moi devant le tribunal que l’on essaye de mettre en place, jetez-moi en prison, mes principes resteront plus forts que toutes les manœuvres. Certes, si on peut emprisonner une personne, on ne peut en aucun cas emprisonner son esprit et ses convictions.

 Ils ne pourront jamais détruire mes convictions en la légitimité du 5 Juin. C’est une croyance que je continue à nourrir et à défendre. C’est une conviction ancrée en moi et que je porterai jusqu’à la mort.

Le 5 Juin était une nécessité. L’époque, les conditions de vie et les circonstances l’exigeaient. Si, comme révolutionnaires nous ne l’avions pas fait, les Seychelles ne seraient pas là où elles sont aujourd’hui.

Aujourd’hui, la conjoncture politique a changé. Elle exige que nous écartions tous les facteurs susceptibles d’engendrer la division dans le pays. C’est dans cet esprit que je comprends la décision du Président Faure.

 

Camarades militants

 

Nous sommes entrés dans une nouvelle époque. Et notre parti doit faire face à des défis spécifiques. Où en est le parti aujourd’hui? En jetant un regard autour de nous, force est d’admettre qu’il y a des insuffisances et des défaillances. Ce sont ces faiblesses et défaillances qui nous ont conduits là où nous sommes aujourd’hui. Dans certains cas, c’est la soif de pouvoir, les ambitions personnelles, la trahison de nos principes, l’abandon des militants qui nous ont toujours soutenus.

Que constatons-nous après une profonde réflexion? Pour la première fois dans notre Troisième République, le Parti Lepep est minoritaire dans l’Assemblée Nationale.  C’est ça la réalité d’aujourd’hui. Nous sommes l’objet de beaucoup d’attaques personnelles, de mensonges, de calomnies et nous assistons à l’hypocrisie de l’Opposition. Ils se font passer pour  les plus grands défenseurs de la démocratie et la transparence. Aujourd’hui, ils prétendent détruire pour reconstruire. Et déjà nous voyons que l’Etat de droit, la Constitution sont en danger. Progressivement, certains sont en train de transformer les Seychelles en un pays où ni la Constitution, ni les lois ne seront respectées. Tout cela est fait pour des intérêts personnels et égoïstes. Le respect des institutions devient une farce. Les idées de violence et de vengeance commencent à faire leur effet dans notre communauté et dans les écoles. Est-cela que nous voulons pour nos enfants, pour notre pays?

 

Chers militants

 

 Face à la démagogie, à la haine, l’hypocrisie, la trahison, il nous reste une arme puissante: ce sont nos principes et nos convictions, notre résilience en tant que parti politique, l’amour et le soutien de notre peuple. En plus c’est un gouvernement du Parti Lepep qui est au pouvoir. Aussi, nous ne devons jamais sous-estimer nos forces et nos capacités.

Le Parti Lepep est la plus grande force politique de ce pays. Il sera davantage fort si nous nous investissons tous dans la lutte avec plus de volonté et de détermination. N’oublions jamais que notre Parti, notre pays, est toujours plus grand que nous tous. C’est dire que nous ne capitulerons jamais.

 

Le Parti Lepep n’acceptera pas que notre pays soit pris en otage. Nous resterons debout, fermes, et en rangs serrés, nous déjouerons toutes les manigances. Chacun de nous devra donc redoubler d’efforts. Nous devons aussi sortir de nos coquilles et aller vers les autres, notamment vers ces militants qui nous ont toujours soutenus mais qui ont récemment voté contre nous. Pourquoi l’ont-ils fait? Parce que certains souhaitaient un changement, sans en connaitre vraiment la nature ou ce qu’il leur apportera. D’autres ont été  déçus par notre inaction ou notre arrogance. D’autres encore sont tombés dans le piège de la propagande de l’Opposition et ses fausses promesses. Beaucoup le regrettent aujourd’hui. Ce qui est sûr, c’est que ce sont nos militants, et c’est seulement le Parti Lepep qui prend leurs intérêts à cœur.

Vous vous rappelez de la série de retraites que nous avons récemment organisées en préparation de ce congrès. Ces retraites ont été l’occasion pour tout un chacun  de dire librement et clairement tout ce qu’il ressentait. Le congrès a pris en considération les suggestions et recommandations qui y ont été formulées. Ces recommandations et suggestions, du reste très valables, ont été inclues dans les  décisions et résolutions adoptées par le congrès. Jointes aux décisions et recommandations que nous avons prises aujourd’hui, elles constitueront le document de travail du Comité que nous avons chargé de se pencher sur la réorganisation, la réorientation et la modernisation du Parti, ce en prélude du congrès ordinaire qui aura lieu plus tard cette année.

 

Chers militants

Quand vous avez donné tout ce qui est en votre pouvoir, quand le moment est venu de songer un peu à votre santé et, comme dit la chanson, lorsque la lumière de la vie commence à s’assombrir, que vous reste-t-il à faire?

 

Je me suis aussi penché sur mon parcours de Président de la République pendant ces douze dernières années. Comme vous pouvez l’imaginer, c’est une fonction très prenante et exigeante. C’est une responsabilité à la fois lourde et fragile que vous vivez en tout instant. Parfois, vous vous sentez coincé. Parfois, il vous faut aussi naviguer contre des vents contraires et des tendances qui sont en décalage avec votre façon de faire. Vos mains sont souvent liées et vous avez besoin d’un peu plus de temps pour dénouer des problèmes inextricables. Mais au-dessus de tout cela, l’intérêt suprême reste votre principal guide. L’intérêt du peuple vous guide et vous fait agir avec courage, conviction et détermination. Peu importe ce que les autres en pensent après.

Je ne souhaite pas que mon successeur vive certaines expériences que j’ai connues et qu’il gaspille son temps à dénouer ce genre de problèmes inextricables. Chaque dirigeant a son style de travail et sa façon d’agir. Nous devons le savoir et l’accepter comme tel.

 

Par ailleurs, un dirigeant responsable, sage et courageux, doit savoir noter les signes annonciateurs de sa fin de règne et préparer sa succession. En tout cas c’est l’un de mes principes. Et fort de tout cela, jamais je ne rendrai la tâche du Président Faure difficile.

 

Camarades militants

 

Nous sommes tous le produit de notre époque, et nous évoluons avec un temps en perpétuel mouvement. Le moment est donc arrivé d’apporter encore plus de changements dans le parti. Il a besoin d’un renouveau. Il a besoin d’une nouvelle génération de dirigeants au diapason de la nouvelle époque. Nous devons faire face à cette situation. Je comprends l’approche adoptée par le Président Faure et son équipe. Nous sommes dans une nouvelle époque qui a généré une nouvelle situation qui appelle un nouveau style de gouvernance.

Les décisions que le Président Faure est en train de prendre sont en résonnance avec cette nouvelle époque. Il veut mettre fin à cette polarisation qui a toujours marqué la politique aux Seychelles. Mais pour y arriver, il faut que votre interlocuteur soit sincère. On parle de poignée de main seulement quand deux mains se rencontrent. Une seule main ne peut donner une poignée de main. Notre Parti reste ouvert, mais nous devons rester unis, forts et vigilants.

 

Chers militants

Mon parcours a été long et parfois épuisant. Je me suis dépensé pour ce pays. J’en ai tiré beaucoup d’expériences. J’y ai aussi laissé beaucoup de mes forces. Je l’ai fait avec amour, dans l’honneur et l’honnêteté, animé d’une bonne intention et avec la conscience claire. Mais la destinée veut que chaque chose ait une fin.

Nous avons besoin aujourd’hui d’une équipe totalement renouvelée, jeune, qui continuera le travail en bonne intelligence et en totale harmonie. Nous avons les talents,  les compétences et les gens dévoués qu’il faut dans le Parti Lepep et le Gouvernement.

Aussi le temps est-il venu, dans l’intérêt du Parti, de céder la place à la relève. L’intérêt du parti et du pays prime sur tout. C’est le peuple seychellois qui passe avant tout. Ce faisant, je vous annonce ma décision de ne pas poser ma candidature pour le poste de président du parti au prochain congrès. C’est vous qui élirez le nouveau Comité Central.

Je voudrais cependant vous réassurer que je serai toujours avec le peuple seychellois. Je resterai toujours SPUP, SPPF et Parti Lepep. Je ne trahirai jamais mes principes et mes convictions. Et c’est justement parce que j’aime mon Parti et mon peuple qui ont toujours cru en moi, que j’ai pris la décision de laisser la place a une nouvelle génération qui en prendra la charge.

 Aux Seychelles, c’est le Parti Lepep qui est le vrai parti ouvert au changement.

 

C’est avec la conscience claire, avec fierté et dans l’honneur, que je vous cède la place en vous assurant que je continuerai toujours à vous apporter tout le soutien dont je suis capable.

Je souhaite donc que  la nouvelle génération hisse le Parti Lepep sur les sommets de la grandeur et de la réussite pour le mieux-être de tous les Seychellois. Je souhaite aussi que la nouvelle génération de dirigeants inspire et motive les cadres du parti pour accomplir plus de biens pour le pays. Cependant, mon vœu est que la trahison, l’hypocrisie et la jalousie n’aient pas droit de cité dans cette nouvelle direction du Parti.

Il ne faut jamais que le Parti brade ses principes, ni sa lutte pour la justice sociale, l’égalité, la solidarité,  la dignité du peuple et la souveraineté du pays. Je reste optimiste qu’il sera toujours plus fort que tous les mouvements qui œuvrent pour sa perte. Il n’y a pas de capitulation à l’ordre du jour. Car nous n’avons pas travaillé et fait autant de sacrifices pour mettre les destines de notre pays dans les mains de ceux-là qui veulent à tout prix détruire les acquis et les réalisations du peuple seychellois.

Nous ne devons jamais l’accepter !

Militants de Lepep debout! La lutte continue!

Je vous remercie!

 

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